Fondées par les moines bénédictins de Mesnil Saint-Loup, les Éditions des Quatre Vivants écoutent dialoguer des voix venues d’horizons variés : d’Europe de l’Est, des monachismes d’Orient et d’Occident, de juifs et de chrétiens dans leurs spiritualités et leur écoute de la Bible, d’artistes de la page et de l’image…
Inspirés par l’humanisme bénédictin et une pratique quotidienne de l’accueil, nous voudrions témoigner que, face à l’autre, l’hospitalité confiante est plus que jamais nécessaire. Saint Benoît en prière ne voit-il pas le monde entier rassemblé dans un rayon de lumière ?
Un travail de bénédictins
Le choix de notre communauté de s’orienter vers l’édition vient du désir de partager largement des richesses culturelles reçues de nos hôtes ou de divers héritages. Fondé par le Père Emmanuel André en 1864, le monastère fut marqué par sa curiosité pour les chrétientés orientales unies à Rome, qu’il contribua à faire connaître en éditant la Revue des Églises d’Orient. Il fut en correspondance avec Soloviev, et les visites de prélats melkites s’accompagnèrent de liturgies célébrées en rite byzantin dans l’église de Mesnil. Cet esprit d’ouverture s’étendait au monde juif, puisque, hébraïsant, dialoguant avec des rabbins, le P. Emmanuel entendait fonder dans un véritable « amour pour Israël » sa pratique quotidienne de l’Écriture, et des Psaumes en particulier.
Ces pierres d’attente, enfouies ensuite par la tourmente des expulsions, portaient le sceau de « l’humanisme monastique » que nous voudrions servir, dans sa double dimension de connaissance d’autres traditions et de rencontre des personnes. C’est une rencontre en effet, celle d’Anastasia Douroff, en 1985 (La Russie au creuset, Éd. du Cerf), qui est à l’origine des nombreux liens d’amitié qui nous unissent aujourd’hui à la Russie et au monde de l’Est. Au fil des échanges et des contacts noués à l’hôtellerie, les projets de livres naissent tout naturellement ; et ce n’est pas un hasard si nos premiers titres, Mot à mot et le roman Le jeu, la chute du ciel, appartiennent à la même collection, « Gare de l’Est ».
Un mot des « quatre vivants ». Ce titre est tiré des visions d’Ézéchiel reprises dans l’Apocalypse ; il enracine notre maison dans une dynamique de confrontation du sacré et du profane, d’Israël et des païens, qui est une formidable invitation au dépassement de clivages dont notre monde souffre souvent. C’est par des créatures fort différentes — un homme, un lion, un taureau et un aigle — tournées vers les quatre points de l’horizon, que la gloire de Dieu choisit de se révéler. Dans cet esprit, nous accueillons des textes religieux tout autant que profanes.
« Quaerere Deum – chercher Dieu et se laisser trouver par Lui : cela n’est pas moins nécessaire aujourd’hui que par le passé. Une culture purement positiviste, qui renverrait dans le domaine subjectif, comme non scientifique, la question concernant Dieu, serait la capitulation de la raison, le renoncement à ses possibilités les plus élevées et donc un échec de l’humanisme, dont les conséquences ne pourraient être que graves. Ce qui a fondé la culture de l’Europe, la recherche de Dieu et la disponibilité à L’écouter, demeure aujourd’hui encore le fondement de toute culture véritable. »
Benoît XVI,
Collège des Bernardins, Paris
Vendredi 12 septembre 2008